Interview de B.G. à propos de son départ de Cash Money
Peux-tu nous raconter tes débuts chez Cash Money Records, au sein du groupe B.G.z (Baby Gangstaz) ?B.G. : Damn, ça fait un bout de temps whodie… J’avais 11/12 ans, quand Baby « Birdman » m’a sorti de la rue. J’étais encore au primaire, et j’avais à peine commencé à rapper. J’ai commencé en singeant les rappeurs que je voyais à la TV, mais au bout d’un moment je me suis dit : « Pourquoi ne pas écrire mes propres textes ? » Baby habitait dans le même hood que moi, Uptown New Orleans. Il avait déjà sa réputation, et il avait monté Cash Money Records avec son frère, sur lequel ils avaient sorti les albums de divers rappeur du quartier. Notre première rencontre s’est faite dans un barbershop, Baby a vu que rappais et il m’a demandé si je pouvais pas kicker quelques rimes pour lui… J’ai eu de la chance parce qu’il a immédiatement flashé sur mon style, et un peu plus tard dans l’après midi nous somme allés faire un tour chez ma mère pour lui demander si je pouvais aller en studio avec lui ! Elle était un peu sceptique, mais Baby a rapidement réussi à la convaincre…
Dans un de tes précédents opus, intitulé Life After Cash Money, tu racontes tes déboires avec Baby et son frère. Ca te pose un problème d’en parler ?B.G. : Pas du tout ! Pour moi, ce n’est rien que du business, et je n’ai aucun souci pour en discuter avec toi.
Dans ce cas, peux-tu nous raconter en détail ce qui s’est passé avec ton ancien label ? On dit ici et là que Baby t’aurait escroqué à maintes reprises…B.G. : Tu sais, Cash Money m’a élevé. Baby m’a élevé. Quand j’ai signé chez Cash Money, nos rapports étaient avant tout basés sur l’amitié bien plus que le business. Je n’avais vraiment aucune idée de ce qu’il se passait à ce niveau, et de l’argent que Baby gagnait sur mon dos. Pour être franc avec toi, je m’en foutais un peu… Nous étions comme une famille, et Baby était comme un père pour moi. Au fil des années, j’ai commencé à me poser des questions, et finalement, c’est ce deal avec Universal qui m’a ouvert les yeux : nous faisions des tournées gigantesques, nous vendions des millions de disques, mais ou passait donc l’argent ? Bien sûr que j’avais des thunes, des bijoux, des voitures, des maisons, et Baby me filait régulièrement quelques liasses de billets. Mais quand il me filait 50 000 dollars en cash, il en gagnait 5 millions derrière mon dos grâce à mes disques. Au fil du temps, j’ai commencé à lui en demandé de plus en plus, et à chaque fois il me disait que l’argent était bloqué sur un compte, qu’il s’occupait de le faire fructifier. Je lui répondais que j’étais en âge de m’en occuper moi-même, mais il refusait catégoriquement. Ca n’a pas été facile de prendre une décision, mais j’en ai parlé avec Juvenile, qui était du même avis que moi au sujet de Baby : Fuck’em !
Mais tu avais quand même signé un contrat, non ?B.G. : Bien sûr, mais le contrat datait déjà de quelques années. Baby m’avait fait signer un contrat alors que je n’était encore qu’un gamin, et je n’avais aucune connaissance du business. Il m’a dit que je n’avais qu’a signer, qu’il s’occuperait du reste. Je n’ai pas posé de questions, pour la simple et bonne raison que ça ne m’intéressait pas, et que dans ma tête, j’avais une confiance aveugle en lui. A cette période, Baby était mon père, mon manager, mon label, mon avocat, tout en un !
Il se dit qu’à l’époque tu étais accro à l’héroïne, et que Baby et son frère n’a rien fait pour t’aider à t’en sortir…B.G. : Exactement, et dans le fond je pense bien que ça les arrangeait quelque part. Comme je me shootais tout le temps, je n’étais pas assez lucide pour me rendre compte de ce qu’il se passait vraiment, et de l’argent qui disparaissait dans mon dos ! Ma plus grande erreur a néanmoins été de ne pas faire confiance à ma famille : ils m’ont toujours dit de me méfier des frères Williams. Mais j’étais jeune et con, je pensais tout savoir, être maître de ma carrière. C’est le principal problème de la drogue : elle te donne l’impression de tout avoir sous contrôle, alors que c’est elle qui te mène par le bout du nez !
C’est Juvenile qui t’a ouvert les yeux, non ?B.G. : Tu sais avec Juve, Wayne et Turk, au sein des Hot Boy$, nous étions comme des frères. Nous étions tout le temps ensemble, que ce soit en tournée pendant la moitié de l’année, sur les tournages des clips, pendant les enregistrements… Lorsque Juve a claqué la porte sans prévenir, ça nous a fait bizarre, et tout le monde s’est posé des questions. Pour nous, ça n’avait pas de sens : Juvenile celui qui vend le plus de disques au sein du « roster », il a écoulé 5 millions de son album 400 degreez et il décide de quitter le navire ?
Est-ce que c’était difficile pour toi de prendre une telle décision ?B.G. : Bien sûr, c’était super dur de me casser, parce que même si je vendais des millions d’albums, je ne connaissais rien au business, je n’avais rien d’autre que Cash Money. Et je n’avais jamais travaillé avec une autre équipe, de toute mon existence, je n’avais jamais enregistré sur d’autres beats que ceux de Mannie Fresh ! D’ailleurs, Fresh faisait TOUT chez Cash Money. Il produisait les sons, enregistrait les rappeurs, mixait les disques… Si tu regardes bien, il a dû produire plusieurs centaines de beats pour eux, et je me demande combien ils ont dû le payer pour ça ! En tout cas, ça ne m’étonne pas du tout qu’il ait finalement décidé de partir.
Comment as-tu réagi au fait que Juvenile soit revenu chez Cash Money, le temps de l’album Juve The Great et surtout d’un tube, Slow Motion, peut être le plus grand de sa carrière… ?B.G. : Au début, je ne comprenais pas. Je me demandais vraiment s’il n’avait pas complètement pété les plombs pour revenir bosser pour ses escrocs ! Mais j’ai rapidement compris son « move » : « strictly business ». A part le fait qu’il y avait le logo Cash Money sur son disque, il gérait tout en direct avec Universal. Même si Baby a pris sa part du gâteau… mais qu’est-ce que tu veux, on ne peux pas tout avoir ! C’est pourquoi, même si j’ai compris la réaction de Juvenile, je n’aurais jamais pu faire ça. Je suis sûr que Baby reste persuadé que je reviendrais un jour. But I was dead serious with that, I’m a man first, fuck all that money !
Lil Wayne a résumé sa version de l’histoire dans son émouvant morceau I Miss My Dawgs. Qu’en as-tu pensés ?B.G. : Damn boy, même si je suis un peu en froid avec lui en se moment, je ne vais pas te mentir : j’ai eu les larmes aux yeux quand j’ai raconté entendue ce titre. La façon dont il a raconté notre histoire commune était vraiment émouvante, et d’ailleurs ça m’a vraiment étonné de trouver ce morceau sur Tha Carter, je pensais que Baby allait empêcher sa sortie. J’ai vraiment beaucoup de respect pour Wayne en général, mais il m’a beaucoup déçu récemment. Dans une interview XXL, il a dit ouvertement : « Fuck everybody who left Cash Money ! » Désolé, mais je fais partie de ceux qui sont partis…
Qu’en est-il de ta relation avec Mannie Fresh ? Il vient de quitter Cash Money Records, et il est présent sur ton nouvel opus… B.G. : Nous sommes bons amis. Il devait déjà produire sur Life After Cash Money, mais ce n’était pas possible, j’aurais dû changer le nom de l’album pour que Baby lui donne l’autorisation. Mais je ne pouvais pas changer le concept de mon album juste pour avoir un beat de Mannie Fresh. Heureusement, depuis qu’il quitté Cash Money, nous pouvons collaborer comme bon nous semble ! D’ailleurs, j’aimerais beaucoup refaire tout un album avec lui. Ce serait un classique. I’m sure of that !